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Libération
Critique

Elles sont foot

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Interdites de stades par la loi, des Iraniennes font tout pour assister aux matchs : un bel «Hors jeu» signé Jafar Panahi.
publié le 6 décembre 2006 à 0h23

En Iran comme ailleurs, les matchs de foot sont fliqués. Pas pour contenir les hooligans. Pour refouler les femmes. Là-bas aussi, en effet, elles ont pris goût au ballon rond, mais c'est plus qu'ailleurs qu'elles se battent pour entrer dans les stades, parce que cet accès leur est interdit. Depuis 1979, les grossièretés proférées par les supporteurs masculins sont jugées néfastes à leurs chastes oreilles. Au-delà de l'aficíon sportive, accéder aux tribunes est devenu, pour elles, un enjeu de reconnaissance.

Tel est le sujet de Hors jeu, cinquième long métrage de Jafar Panahi, cinéaste de 46 ans dont on a appris à guetter les films. Il y a six ans, dans le Cercle, il levait le tabou de la prostitution en tchador. Dans Sang et or, à travers la triste odyssée d'un livreur de pizzas, il stigmatisait les discriminations sociales de la République islamique. Le foot lui offre, cette fois, l'occasion d'une demi-comédie aux relents amers.

Arbitraire. Entamé dans les accents joyeux et braillards d'un bus de supporteurs, Hors jeu se resserre bientôt sur une sorte de huis clos à ciel ouvert : un recoin extérieur du stade où les soldats préposés au filtrage des entrées conduisent et parquent cinq ados contrevenantes qui, plus ou moins habilement déguisées, ont essayé de forcer les guichets interdits à leur sexe. Entre les jeunes troufions préposés à cette garde malcommode et les filles, l'affrontement tourne au cirque.

Ils préféreraient voir le match. Elle