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Libération
Critique

Raides d'Inde

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«L'Intouchable», de Benoît Jacquot, avec Isild Le Besco à la recherche du père.
publié le 6 décembre 2006 à 0h23

Est-ce un documentaire sur le devenir-Adjani d'Isild Le Besco ? Ou sur Isild-se-fait-masser-les-fesses en gros plan ­ fort belles au demeurant, comme la scène elle-même, dégoulinante d'huiles ayurvédiques ? «C'est peut-être la peau qui pense», est le leitmotiv de ce film tout en surface, mais par profondeur, qui s'arrête au pli, à l'illusion comme vérité. On a bien compris qu'il s'agissait d'une réflexion sur la perversion de toute représentation, avec Isild qui joue à jouer l'actrice fatiguée, à la petite fille capricieuse mais véritablement mélancolique qu'on habille, qu'on maquille, qu'on pétrit jusqu'à en faire, comme sur l'affiche, le sosie d'Isabelle dans Adolphe (du même Jacquot) s'imitant elle-même en reine Margot (de Chéreau). On ne fera pas l'injure non plus aux chemins qui ne mènent nulle part de croire que c'est le nulle part qui y importe plutôt que le cheminement. Mais cela suffit-il à notre plaisir ?

Pulsion scopique. Il y en a donc durant ce périple en Inde qui doit conduire Jeanne (Isild Le Besco) sur les traces de son père intouchable, perdu dans le passé, mais raconté par sa mère qui habite Pont-à-Mousson à cause (inconsciemment) des moussons du Gange. La caméra se fait pure pulsion scopique, menant à des plans mémorables, comme celui de la mère à moitié nue, traquée par une lumière-torche au fond de sa chambre, ou le fleuve découvert au bout d’un tunnel de flou et d’un balcon lorsque Jeanne s’installe à Bénarès. Mais, comme tout désir est aus