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Libération
Critique

Démons à merveille

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«Requiem», la folie d'une martyre moderne par Hans-Christian Schmid.
publié le 13 décembre 2006 à 0h28

Imaginez que la fillette de l'Exorciste ait une correspondante allemande. Une soeur. Appelons-la Michaela. Donnons-lui un âge, 21 ans. L'âge de faire des études, de quitter la ferme familiale du sud de l'Allemagne, un père soucieux, affectueux et faible et un monstre de mère, cassante, véritable barre de fer. Permettons-lui de prendre un peu de distance avec un milieu pesant : terrien, bigot. Prendre une chambre dans un foyer d'étudiants, se trouver une meilleure amie (qui, dans son assurance, serait l'inverse de Michaela), et un petit ami, un garçon gentil, étudiant en chimie ferait l'affaire. Mais au centre de ça, il y a la nuit. Les moments où Michaela se sent possédée. Où l'épilepsie la gagne, par crise, par violence infligée à soi-même, prostration et abdication devant ses vieux démons : Michaela est persuadée à ce moment-là d'être une martyre, une nouvelle sainte Catherine qui, à 33 ans, pauvre, analphabète mais croyante, aurait empêché une guerre. Michaela n'a que 21 ans, elle se donne douze ans pour combattre ses démons. Mais à ce rythme de schizophrénie compulsive, elle pourrait craquer. Les médicaments ne font rien, sinon retarder une crise. Et l'HP se profile, signifiant l'interruption des études, la fin de l'amour et des amitiés.

Point nodal. Le prêtre du village se veut progressiste, 68 étant passé par là, c'est un prêtre qui doute : Dieu existe, donc le Diable aussi, mais peut-être simplement comme symbole, des béquilles pour pouvoir se guider dans la nui