Menu
Libération

2006 dernière séquence

Article réservé aux abonnés
Conflits au Moyen-Orient, violence sociale, solitudes... Bilan d'une année prolifique et globalement pessimiste où le cinéma est allé voir ailleurs.
publié le 20 décembre 2006 à 0h34

Nombre crescendo de sorties en salles, rotation accélérée des oeuvres qui ne tiennent plus l'affiche au-delà de quinze jours même avec un bon bouche à oreille, asphyxie des films «fragiles»... Le disque du malaise et de la plainte en climat inflationniste n'a pas changé entre 2005 et 2006. La part de «déchet» devient saisissante avec des films qui n'ont pas d'affichage et ne trouvent même plus de place dans un traitement journalistique débordé par cette avalanche, à force complètement absurde.

Les territoires

Le flot 2006 a cependant permis de voir où on voulait en venir. Et à la question, annuelle, déprimante, inquiète, névrotique «où va le cinéma ?», Akerman a posé un titre. Le cinéma, il va Là-bas. Ce qu'un deleuzien de bonne facture aime à baptiser, la bouche un rien pincée : la déterritorialisation. Exception faite du film de Christophe Honoré, Dans Paris, ancré dans son territoire (la chambre, avec vue), la quasi-totalité de la planète sera partie, caméra en bandoulière, filmer l'Autre. La bande à Soderbergh-Clooney se sera risquée au Proche-Orient (le confus mais bien Syriana, de Stephen Gaghan), le Britannique Winterbottom à Guantanamo, les frères Wachowski ont envoyé des émissaires à Londres pour leur production V pour Vendetta où ils ont dû croiser un nouveau résident (Woody Allen avec Scoop après Match Point en 2005). Les histrions géopolitiques OSS 117 (prédisant sans rire que l'islam est une religion qui n'a guère d'