En soi, un bilan n'a pas d'intérêt. Il n'en prend que si on le compare à d'autres : soit aux bilans qui le précèdent, soit à des bilans concurrents ou juxtaposés. Un bilan du cinéma français tout seul dans son coin, comme il continue d'en pleuvoir dans les bulletins statistiques officiels, c'est sans doute nécessaire, mais beaucoup moins intéressant que ce même bilan mis en regard de celui des cinémas voisins (en Europe) ou comparables (par exemple la cinématographie sud-coréenne, notre «jumelle» en droits et en parts de marché domestique). C'est naturellement à cette échelle de la planète ciné que le cas français prend tout son relief, telle une oasis dans le désert : luxuriante et rare, mais pas unique. Et c'est relativement aux autres que son volume peut être pour de bon apprécié : l'indice de l'activité industrielle du cinéma français est en progression, c'est vrai, mais dans un contexte global généralement haussier lui aussi.
C'est pourquoi il y a plus intéressant encore que les bilans automoulinés : ce sont les bilans que les autres tirent de nous, et singulièrement celui que Variety, le média de référence mondiale en la matière, a dernièrement pondu à notre sujet (1). Selon l'oeil et la logique américains, le fait marquant de l'année 2006 consiste dans la multiplication des local heroes, ces films non hollywoodiens qui ont remporté dans leurs pays d'origine des succès supérieurs aux blockbusters américains. Variety a fait le compte : en Corée, en A