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Critique

«Jacquou», le Che en sabots

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Laurent Boutonnat revient avec une fresque paysanne adaptée du roman de Le Roy.
publié le 17 janvier 2007 à 5h29

Qui l’eut cru ? Laurent Boutonnat a refait un film ! Cette surprise est à la hauteur du bouillon pris par l’auteur-compositeur-producteur-Pygmalion de Mylène Farmer en 1994 avec son premier long métrage, Giorgino. Le duo, déjà alors au top niveau des ventes de singles et d’albums, à l’avant-garde du clip costumé ruineux, avait dépensé et instantanément perdu 12 millions d’euros de fonds propres dans cette fresque tournée dans les neiges de Slovaquie, flop historique et revers cuisant pour la chanteuse qui se rêvait star de cinéma. Boutonnat aura attendu une douzaine d’années avant de se remettre à façonner un nouveau grand oeuvre inspiré de ses passions cinéphiles (Bergman, Tarkovski...) ou picturales (Géricault, Rembrandt, Millet...).

Vermines. Cette fois, exit Mylène (excepté pour une chanson de générique de fin) pour une adaptation du roman d'Eugène Le Roy, Jacquou le Croquant, à l'occasion d'un double anniversaire : centenaire de la mort de l'écrivain-percepteur périgourdin (1836-1907) et presque quarantenaire de la diffusion du feuilleton traumatique de Stellio Lorenzi (en 1969). A part cette actualité relativement peu brûlante, pourquoi Jacquou aujourd'hui ? Ce petit paysan orphelin en lutte contre l'hégémonie dépravée d'un comte et de sa suite de nobliaux crottés au début du XIXe en pleine Restauration après les grandes saignées napoléoniennes est-il moderne ?

Boutonnat semble le croire, même si sa mise en scène déploie des splendeurs paysagères hab