On a beau chercher, on ne voit rien à redire. C'est ça qui est beau, finalement : l'oubli, le tiède, l'absence de traces, voilà encore un film qui ne vous frappe pas, pas de mal à une mouche. C'est peut-être la grande réussite de l'industrie du bien culturel qui plaît à tout le monde, donc à personne, que d'avoir inventé le cinéma pour les mouches. Non pas ce qu'on verrait et entendrait si l'on était une mouche (l'invu, l'inouï), mais ce qu'entendent et voient les bêtes : un monde sans négatif, une représentation qui est aussi la réalité.
Fruit d'une coproduction entre TF1 et Arte, Zone libre réussit le miracle d'un film accessible à tous, dépourvu de mauvaise graine et ne donnant jamais l'envie de quitter la salle. Ce n'est pas ironique. On s'attend au pire et on passe un bon moment. Economie d'énergie en sus : le lendemain, on ne se rappellera pas être allé au cinéma et il faudra faire un effort pour se souvenir du visage des acteurs. On a beau être un critique marxien élitaire et sectaire (c'est dire quelqu'un qui, au regard du réalisme libéral-démagogique, creuse sa tombe), on ne trouve nulle trace de moisi politique là-dedans. C'est une aurea mediocritas difficile à obtenir sur un tel sujet, un film de René Clément sans les dents.
«Après s'être séparée pour passer la ligne de démarcation, la famille de Simon (sa femme Léa, sa belle-soeur Mauricette, enceinte de plusieurs mois, la mère des deux jeunes femmes, madame Schwartz, qui ne parle que yiddish, et e