Istanbul envoyé spécial
Avec son habituelle barbe de trois jours, habillé comme toujours d'un vieux jean et d'un pull déformé, Nuri Bilge Ceylan, 47 ans, paraît un peu incongru au milieu de la foule d'hommes d'affaires et de riches touristes qui remplit le hall d'un palace où il donne volontiers ses rendez-vous de travail. L'immense place Taskim est le centre de la vie culturelle de la grande métropole du Bosphore et de sa nouvelle «movida». Il y vient en voisin depuis le quartier de Cihangir situé en contrebas, où est installé depuis des années son studio atelier. Il y écrit, tourne et monte ses films et les y a longtemps produits. Pudique voire secret, ce cinéaste taiseux déteste les intrusions dans son univers intime qui pourtant est au coeur de tous ses longs métrages, Kasaba (la Petite Ville, 1997), Mayis Sikintisi (Nuages de mai, 1999) et Uzak(Loin), qui remporta le grand prix à Cannes en 2003. Des chroniques très personnelles dans lesquelles cet ancien diplômé ingénieur, devenu photographe avant de passer au cinéma, évoque la petite ville de province où il a grandi puis sa vie stambouliote. Il y parle de son monde et de ses proches «de tout ce qui représente l'essentiel d'une vie même si cela peut paraître, vu de l'extérieur, de dérisoires tragédies personnelles». Il y a chez lui un côté Nanni Moretti. L'humour en moins et le sens de l'image en plus.
«Obsessionnel». Son dernier film, Iklimler(les Climats), p