On arrive. Passeports, visas, regards des policiers chinois, bagages. On quitte l'aéroport. Et c'est là que je rencontre mon premier ennemi : une chaleur humide, suffocante, lagunaire. Ce voyage en Chine a duré soixante-dix jours. Les deux premières semaines, nous étions à Shanghai, une ville très moderne, «occidentale», sale, séduisante, et bien évidemment immense. Ensuite, ce fut Wuhan, où nous avons tourné à côté d'un haut-fourneau en activité qui crachait des flammes. Cette image représente l'essence même du travail des hommes, de leur effort, qu'ils soient chinois ou de Taranto, et qui, aux yeux des artistes que nous sommes, se muait en esthétisme.
«De Wuhan, nous avons rejoint Ichang et embarqué pour Chongqing. Le voyage sur le fleuve bleu a duré deux jours. Le fleuve n'est pas, si je puis me permettre, le fleuve Paglia. C'est un cheminement de l'esprit. La ligne d'horizon est invisible car les couleurs du ciel se confondent avec celles de l'eau vaseuse j'hésite entre le gris, le jaune foncé et le vert sombre sur laquelle nous voguons mais d'où surgissent les silhouettes des barques de pêcheurs. Toute embarcation a son petit drapeau rouge étoilé. Sur la rive, des panneaux aux numéros gigantesques indiquent l'endroit où la terre sera progressivement engloutie une fois que la construction de l'immense digue sera achevée. Cela s'est déjà produit. On me raconte que nous sommes en train de naviguer au-dessus de villages engloutis.
«Chongqing. Mon dieu ! Chongqing avec ses