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Libération

L'asphyxie des jeunes auteurs roumains

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Alors que les subventions sont accaparées par les anciens, la relève, incarnée par Cristi Puiu, doit se tourner vers l'étranger.
publié le 31 janvier 2007 à 5h45

Bucarest de notre correspondant

Il se lève puis se rassoit aussitôt, fait les cent pas tout en grattant nerveusement sa barbe de trois jours. Cristi Puiu est furieux. Cet homme au regard perçant, réalisateur acclamé de la Mort de Dante Lazarescu, vient de voir repoussés les deux derniers projets pour lesquels il avait demandé un financement du Centre national roumain de la cinématographie (CNC). «Je n'ai qu'une solution, arrêter de demander des sous au CNC. J'essaierai désormais de trouver des financements en France, en Allemagne ou en Hongrie.»

Ce n'est pourtant pas la première fois que Cristi Puiu ne trouve pas d'argent pour ses projets. Fin 2004 déjà, le CNC avait rejeté la Mort de Dante Lazarescu, «une histoire sordide, écrite sans talent, traitant d'un sujet local, dans un hôpital poussiéreux de Roumanie et qui, de surcroît, n'intéressera personne», avait hâtivement tranché un membre du jury. Suite au scandale qu'il avait déclenché, le jeune réalisateur avait finalement réussi à trouver les fonds nécessaires. Résultat : le film le plus primé de toute l'histoire du cinéma roumain. «C'était David contre Goliath et David a gagné, résume le critique de cinéma Alex Leo Serban. En plus, dire que le film traitait d'un sujet local relevait d'une énorme connerie. On ne peut pas prétendre que la maladie ou la mort soient des sujets particulièrement "locaux" !»

«Vengeance». Pourquoi donc cette récidive du CNC, deux ans après ? Explication de