La Vie des autres est un premier film. Et c'est étonnant, tant le long métrage de Florian Henckel von Donnersmarck, à la fois ambitieux et impressionnant dans son projet, classique et émouvant dans sa facture, semble l'oeuvre d'un réalisateur en pleine maturité.
Le film aborde un sujet difficile : la trahison et la rédemption à l'époque où la Stasi, la Staatssicherheit (Sécurité d'Etat), police politique redoutable, imposait l'ordre communiste sur l'Allemagne de l'Est. Il ne succombe jamais au «chantage» du grand sujet, trouve le bon ton romanesque et met en scène des personnages (un flic inquiétant, des intellectuels séduisants que le premier espionne, des bureaucrates cyniques...) qui vivent des passions et débordent les clichés que ce genre de situation ne manque jamais de provoquer.
Mouchards. Donnersmarck met en scène son drame à partir du point de vue du personnage a priori le plus éloigné de nous, le flic communiste. Idée risquée puisqu'elle invalide a priori toute identification. Or, avec une batterie de micros mouchards, le capitaine Gerd Wiesler ne fait-il pas le même métier que Henckel von Donnersmarck, ou que nous, spectateurs : essayer de capter la réalité qui se donne à lui comme une énigme à déchiffrer ?
Nous sommes en 1984, date symbolique pour qui évoque le totalitarisme. La partie d'Allemagne qui se qualifie, dans sa novlangue, de république «démocratique», RDA, est alors dirigée par Erich Honecker, émanation rigide du parti unique, et contrôlée par ses