A quoi ressemble le tableau de la vie cinématographique française selon nos perfides amis britanniques ? C'est bien simple : «Le public français plébiscite les comédies romantiques ou les grosses farces et rejette en bloc le cinéma artistique tandis que, pendant ce temps, les cinéphiles agonisent» (1). Ce jugement nuancé s'étalait la semaine dernière sur les quatre colonnes d'une page du Guardian, dans laquelle la correspondante à Paris du quotidien londonien, enfonçait à la massue le même vieux clou. Dans un vertigineux confusionnisme, on y lisait notamment qu'«après des années de déclin au cours desquelles le public a attendu en vain un nouveau Renoir ou un nouveau Louis Malle (sic !), la fréquentation des films d'auteur [ou «art house film», ndlr] est en chute libre». Plaçant résolument sa plume du côté de la meute plutôt que de celui du lièvre, la journaliste développe ensuite pour étayer ce point de vue les «arguments» caricaturaux de l'anti-intellectualisme primaire. En gros : c'est la faute à la critique, forcément snob ou corrompue, et aux cinéastes eux-mêmes, naturellement vains et prétentieux. Les seuls auteurs qui, selon la rédactrice, consolident chez nous leur popularité, sont, tels Michael Haneke, étrangers : donc ça ne compte pas, semble-t-elle déduire. Enfin, un peu plus loin, emporté par sa propre fronde, l'article déraille à propos des Bronzés 3 et de ses 10 millions d'entrées : «Ironiquement, le film a ét
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