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Libération
Critique

«Inland Empire», chaos sublime

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publié le 7 février 2007 à 5h54

En 1977, après cinq années passées à bidouiller avec ses amis Fred Elmes et Alan Splet dans une grange prêtée par l'American Film Institute où ils sont étudiants, David Lynch peut enfin projeter son premier film, Eraserhead, et accompagner ce bébé monstre dans les salles américaines pour des séances de minuit où se masse un public de plus en plus nombreux de fans transis. Trente ans ont passé, Elmes est devenu un chef opérateur renommé, Splet est mort, l'acteur fétiche aux cheveux dressés d'Eraserhead, Jack Nance, aussi, mais Lynch, lui, n'a guère changé. Artiste intégral, à la maîtrise visuelle et sonore implacable, affranchi des préoccupations du marché, peu réceptif aux enjeux politiques (il ne parle jamais de George W. Bush, de la guerre en Irak...), Lynch est le défenseur de la seule cause qui vaille à ses yeux, la méditation transcendantale, qu'il pratique activement, paraît-il plusieurs heures par jour, entouré de toutes sortes de gourous illuminés. Il reste indéniablement l'un des types les plus classe qui se puisse croiser dans le cinémonde professionnel international, pas seulement parce qu'il est bien habillé. Et, même si se chercher des héros dans la vie peut sembler un sport vaguement ridicule, avec lui, on a l'impression qu'on en tient un depuis toujours et que, en plus, il ne nous décevra jamais.

Insondable. La preuve ? Cet opus 2007 magistral, le jumeau numérique et bilingue (anglo-polonais) du coup d'essai 77 noir et blanc, INLAND EMPIRE,