Il est des conflits dont on parle peu malgré leur durée, comme celui qui déchire la Tchétchénie depuis plus de dix ans, et qui s'est trouvé enterré sous le silence embarrassé de la raison d'Etat. Il est des peuples qu'on connaît mal, comme les Tchétchènes, une petite nation caucasienne écrasée depuis deux siècles par l'Empire russe et ses avatars, et qu'on finit par assimiler à la vision qu'en a Moscou, celle de «terroristes» qui s'attaquent à des innocents.
«Déclencheur». Avec son Itchkeri Kenti, les fils de l'Itchkérie (nom que s'était donné la République tchétchène en proclamant son indépendance lors de l'éclatement de l'URSS), Florent Marcie répare cette erreur. Il montre un monde qu'il a découvert lors d'un premier et unique voyage en janvier-février 1996, en plein cours de ce qui a été la première guerre de Tchétchénie, déclenchée par Boris Eltsine en décembre 1994. C'est après la tragédie de Beslan (1) que Florent Marcie décide de monter et de diffuser les images qu'il a tournées en vidéo Hi8 lors de son voyage en Tchétchénie et qu'il a précieusement gardées. «Beslan a été le déclencheur, dit-il. J'avais déjà constaté lors de mes voyages qu'il y avait un problème de conservation des images d'archives, que ce soit en Tchétchénie ou en Afghanistan. J'avais discuté avec les Tchétchènes des possibilités qu'ils avaient de préserver une trace de ce qui leur était arrivé alors que l'adversaire avait tous les moyens de réécrire leur histoire.»
Parmi les ima