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Libération
Interview

«Je ne veux pas croire que plus rien n'est possible»

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publié le 7 février 2007 à 5h54

Isabelle Czajka s'explique sur la métaphore politique qui mène son film et la difficulté de montrer l'espace des banlieues.

Votre film lie un deuil psychologique et un deuil politique. Lequel est prééminent pour vous ?

Je voulais vraiment partir du deuil politique, qu'il soit très présent dans le film. La question du deuil psychologique permet plutôt de l'illustrer ou de l'expérimenter. Je ne suis pas une militante ni une historienne. Mais j'ai cette impression, grandissante depuis quelques années, qu'on avait cru à un monde meilleur, à un possible, qui ne s'est pas réalisé. La génération de mes parents y a cru après-guerre. Pour ma part, j'avais vingt ans en 1981, à l'élection de Mitterrand. On voit ce qui est arrivé. La liberté qu'on pensait avoir s'est transformée en liberté d'acheter. C'est le deuil de cet échec.

Le film se clôt sur une phrase sans rédemption : «Elle croit que les années suivantes aussi elle a perdu son temps.»

Oui, et le plan final, qui suit celui où l'on entend cette phrase, montre une petite enfant sur les épaules de son père, à la Fête de l'Humanité. Il ne signifie pas l'espoir mais plutôt que l'enfance a eu lieu, à cette époque-là, qui est terminée.

C'est une nostalgie de l'espérance...

Mais cela ne rend compte que d'un moment donné. Je ne veux pas croire que plus rien n'est possible. L'histoire est longue. Cela ne signifie pas qu'on n'arrivera pas un jour à partager les choses différemment.

Avec le plan de la fillette à la Fête de l'Huma, avez-vous