Le 27 juillet prochain, William Eggleston aura 68 ans. Il y a de fortes chances qu'il les fête à Memphis, Tennessee, lieu de sa naissance, endroit où il continue de résider, et centre de sa mythologie. Fils de famille, autodidacte, il commence à photographier à la fin des années 50, attendra 1974 pour être exposé. D'un dandysme minéral, il se délecte aujourd'hui d'être un maître. Il le peut : la liste de ceux qui lui doivent tout (au cinéma, dans la mode, dans la musique) prendrait deux pages. Rencontre monosyllabique dans un hôtel parisien.
Vous vous souvenez du jour où pour la première fois vous vous êtes senti photographe ?
J'étais avec mon meilleur ami dans un internat, dans le sud des Etats-Unis. Nous adorions l'électronique, la mécanique et l'art. Le reste, nous détestions. Cet ami n'arrêtait pas de me répéter : «Tu devrais t'intéresser à la photo, ça c'est un art !» et je lui répondais : «On voit que tu n'y connais rien. La photo n'est pas un art. Et si ça en est un, je le déteste.» Ma première photo doit dater de 1957 un peu par hasard, on m'avait prêté l'appareil. Ce fut une révélation.
Puis...
Une expo Robert Frank au MoMa et ensuite le premier livre de photos que j'ai eu, sur Cartier-Bresson. J'ai eu de la chance : j'y ai découvert le travail sur «l'instant décisif». A l'époque, on disait «photojournalisme».
Vous-même, vous capturez les choses à la volée ou vous installez longuement chaque photo ?
En fait, il n'y a jamais rien de préparé et je ne prends ja