Un type qui aime l'Ecosse ne peut pas être tout à fait mauvais. Formé à la dure par l'armée coloniale britannique, notamment lors de la répression de l'insurrection des Mau-Mau du Kenya, dans les années 50, Idi Amin Dada aurait conservé de cet apprentissage une tendre nostalgie pour les kilts et les cornemuses. Le tyran de l'Ouganda, accusé d'avoir trucidé un demi-million de ses compatriotes au bas mot en huit années de règne (de 1971 à 1979), n'était pas un si mauvais bougre, au fond. Il était malade des nerfs, hypocondriaque et paranoïaque, et pas fait pour assumer les fonctions que lui auraient offertes sur un plateau les services secrets britanniques...
C'est, en caricaturant à peine, la thèse qui sous-tend le film de Kevin MacDonald, le Dernier Roi d'Ecosse, inspiré par le roman éponyme de Giles Foden (éditions de l'Olivier). Et si c'était vrai ? Le film captive, grâce essentiellement à la performance shakespearienne de Forest Whitaker (nominé pour l'oscar du meilleur acteur). Tour à tour attachant, inquiétant, abject, fantasque et fragile, il parvient malgré tout à restituer l'humanité de l'un des pires dirigeants qu'ait connu le continent noir au siècle dernier.
Créature folle. Jusqu'ici, les satrapes tropicaux n'ont guère inspiré de fictions au cinéma. Trop casse-gueule, peut-être, pour les réalisateurs «blancs», surtout s'ils sont originaires de l'ancienne puissance coloniale. Du coup, les potentats africains ont plutôt été abonnés aux documentaires. Le titre d