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Libération

Porno de pointe

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publié le 14 février 2007 à 6h02

Le préalable à toute discussion sérieuse sur l'industrie pornographique hollywoodienne tient en deux paramètres : elle pèse 13 milliards de dollars et produit en moyenne (largement) plus de 10 000 films X chaque année. Naturellement, ces montagnes de cul ne sont pas produites pour la beauté gratuite de l'art : ces chiffres sont astronomiques d'abord parce que les débouchés, donc les publics, sont colossaux... C'est le paradoxe éternel de ce passager clandestin de la cinéphilie mondiale : il écrase tout mais on n'en parle pas. Les revues de cinéma notamment négligent en bloc cette masse énorme de films, qu'il serait de leur devoir d'accueillir, sous le prétexte tacite et honteux mais unanime que le cinéma pornographique, étant pornographique, n'est pas du cinéma.

Pourtant, le cinéma X tient un rôle de premier plan dans le destin de l'industrie cinématographique tout entière, et ce depuis les origines. Par essence pionnier, le business du X a historiquement joué les mercenaires roublards et consentants pour les autres secteurs du cinéma, expérimentant les options industrielles au fur et à mesure qu'elles se sont présentées et adoptant le premier des formules de développement qui seront ensuite partout imitées. Ces derniers temps, c'est dans le domaine de la VOD que le X a fait figure d'éclaireur, en inventant les premiers sites économiques viables façon AEBN ou Hotmovies, et surtout en révolutionnant les hiérarchies entre petits et gros distributeurs ou producteurs, entre pros