Quoi qu'on pense de la volonté récurrente de Steven Soderbergh de tourner des projets «à la manière de», difficile de ne pas être impressionné par sa façon d'imposer sa cinéphilie dans une économie actuelle du cinéma américain qui n'a que faire de ce genre de fantaisie érudite. Après l'expressionniste Kafka, un Solaris marchant sur les traces de Tarkovski ou, plus récemment, Bubble, drame ouvrier tourné en vidéo avec des acteurs non professionnels, il signe avec The Good German un hommage en noir et blanc au cinéma des années 40-50 nourri de référence a des classiques comme le Troisième Homme, Casablanca, les Enchaînés ou encore la Scandaleuse de Berlin, de Billy Wilder, tourné in situ en 1945.
Lubies. Si sa filmographie atypique, alternant grosses machines décontractées (il a déjà tourné un nouvel épisode de la série Ocean) et lubies personnelles force le respect, le cas Soderbergh devient encore plus passionnant quand on sait que sous des noms d'emprunt (Peter Andrews, Sam Lowry) il signe scénario ou photo de la plupart de ses projets. C'est encore le cas avec The Good German dont il est l'auteur des images gris perle tournées en studio puis mariées sans un accroc à des plans d'archives du Berlin ravagé par les bombardements dantesques de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Techniquement, le film est très impressionnant. Tout paraît d'époque. Y compris, évidemment, le style d'une mise en scène do