En baisse alarmante depuis To Live and Die in L.A. (1985, tout de même), la cote de William Friedkin, ex-héros frondeur du Nouvel Hollywood, devrait méchamment remonter avec ce thriller claustrophobe et paranoïaque qu'on peut s'amuser à voir comme une parabole politique à la William Burroughs. Gagnant sa vie en servant des bières dans un bar de camionneuses, dormant seule en plein désert dans un motel crapoteux dont le téléphone sonne mystérieusement au milieu de la nuit, Agnès (Ashley Judd, génialement larguée), traumatisée depuis la disparition de son fils de 6 ans, tombe raide dingue d'un jeune vagabond céleste, Peter (Michael Shannon). Lequel est convaincu d'avoir servi de cobaye à l'armée américaine qui a fait de son corps le nid d'une colonie d'insectes mutants particulièrement urticants.
Huis clos à la montée en puissance hystérique s'amusant à nous faire douter de notre réalité (si les insectes n'existent pas pourquoi les pièges électriques grésillent-ils en permanence ?), Bug bascule dans le grand guignol le plus théâtral quand, retranchés dans leur chambre relookée en factory de l'enfer (aluminium sur les murs, papiers tue-mouches qui pendouillent), Agnès et Peter surenchérissent d'hypothèses farfelues (au minimum manipulation de la CIA...) tout en se grattant tellement que leur peau part en lambeaux. Un peu bavarde et outrancière, cette deuxième partie reste néanmoins fascinante, grâce à l'apparition d'un Dr Sweet qui semble échappé des pages du Fe