Bosta a cassé la baraque au Liban à sa sortie au printemps dernier. Pour la première fois de l'histoire, un film beyrouthin faisait 140 000 entrées (ce qui est énorme pour ce petit pays) et se hissait à la première place du box-office local, éclipsant les blockbusters américains. Sur le papier, ce n'était pas joué d'avance : Bosta (produit par des seuls capitaux arabes sur un mode inédit de certificats à l'investissement) n'est jamais qu'une histoire de bus qui, retrouvé miraculeusement intact après quinze ans de guerre, reprend du service pour transporter une troupe de danseurs et danseuses décidés à rajeunir la dabké, la danse traditionnelle libanaise.
Folklore. Il faut croire qu'il y a là quelque chose qui aura tapé juste. Sans doute une façon de danser avec l'inconscient collectif tout en se chaussant de gros sabots. Le divertissement étant ici envisagé comme art de faire passer en douceur et sans trop déranger personne (et surtout sans viser qui que ce soit) des symboles énormes sur l'utopie, toujours recommencée, d'un Liban unifié. Cela étant, il est bienvenu de se souvenir que c'est par l'attaque d'un bus que la guerre civile a éclaté en 1975. Ça roule bien, donc, pour Bosta même si les observateurs locaux décrivaient le film comme totalement inexportable, car renvoyant majoritairement au folklore régional.
Entre-temps, Bosta a reçu quelques prix à l'étranger (notamment à l'Institut du monde arabe, en juillet), pour des raisons souvent plus