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Libération
Interview

«Faire un film seulement de photos, un défi au cinéma»

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publié le 21 février 2007 à 6h14

Jean-Paul Fargier, écrivain, réalisateur, critique et professeur à Paris-VIII, a mené à bien le dernier film de Jean-Daniel Pollet après le décès du cinéaste, en septembre 2004. Dans sa salle de montage de l'est parisien, il raconte comment est né cet opus posthume.

Jour après jour «de» Jean-Daniel Pollet est réalisé «par» Jean-Paul Fargier. Qu'est-ce que cela signifie ?

«De» Pollet, parce que ce film n'aurait pas existé s'il n'avait pas voulu, avec toutes ses forces restantes et déclinantes, faire un dernier film et sous cette forme, avec des photos et un texte de moi. Deux ans avant sa mort, dès qu'il a commencé à prendre des photos et qu'il a été satisfait de cette solution [handicapé à la suite d'un accident, il ne pouvait plus manipuler de caméra, ndlr], il m'a demandé si je voulais faire le texte de ce film, puisqu'on était amis et que j'étais un grand admirateur de son oeuvre : Méditerranée est l'un des premiers films que j'ai vus à mon arrivée à Paris, en 1967.

Votre texte traite de la vérité de l'image. Comment l'avez-vous écrit ?

Pollet m'avait donné une liste de cinquante mots. J'ai voulu les faire revenir par petites giclées de dix, et en les rendant presque tous interchangeables, comme dans son système de montage, c'est-à-dire les confronter tous à la notion de vérité. Pour le reste, je n'avais pas d'intentions précises. Je ne me suis pas rendu compte que j'étais en train d'écrire un texte de style «autobiographique» jusqu'à ce qu'on m'en fasse