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Libération

Une noblesse de l'échec qui séduit Tokyo

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L'humanité des soldats touche, au risque de faire oublier les atrocités commises par l'armée impériale.
publié le 21 février 2007 à 6h13

Tokyo de notre correspondant

Boudé au Japon dès sa sortie sur les écrans en 1998, la Ligne rouge, inoubliable chef-d'oeuvre du réalisateur Terrence Malick, racontait, au milieu de sublimes paysages, la sanglante prise de Guadalcanal (en janvier 1943) par des forces américaines déboussolées par un ennemi japonais aussi impitoyable qu'invisible. Lorsque des soldats nippons apparaissaient enfin à l'écran, lors d'attaques surprises sur la fameuse colline 210 ou planqués dans la jungle, Malick les filmait piégés comme leurs adversaires par la bêtise de la guerre, faméliques et peureux, défendant leurs bunkers à la mitraillette, tel camp au corps à corps ou décapitant au sabre.

Armada. Avec Lettres d'Iwo Jima, Clint Eastwood a de son côté franchi les lignes et est passé de l'autre côté du miroir pour mieux disséquer l'intrinsèque d'un ennemi japonais tout aussi invisible quand débarque à Iwo Jima, le 19 février 1945, l'énorme armada américaine. C'est toutefois ce tour de force qui séduit aujourd'hui un large public japonais, de surcroît aussi fan de l'ex-inspecteur Harry que du Clint de Million Dollar Baby, gros hit du box-office nippon en 2004.

Sorti sur les écrans le 9 décembre, Lettres d'Iwo Jima a déjà marqué un grand nombre de spectateurs, les jeunes en particulier. «La réaction au Japon est meilleure qu'on ne l'espérait», souffle-t-on chez Warner Bros Tokyo. Le public japonais a certes été conquis par le puissant battage médiatique orchestré d