Vilnius correspondance
Le 25 septembre 2005, le Lietuva referme ses portes sur une toute dernière rétrospective, celle de l'oeuvre de Visconti. Pendant quarante ans, cette unique salle de 1 000 places fut le cinéma le plus moderne et l'un des plus centraux de Vilnius. Y sont nés les premiers festivals de cinéma de Lituanie, le Printemps du cinéma dédié aux films européens ou la Nuit du court métrage francophone.
«Gouffre». A l'automne 2002, après avoir privatisé les deux autres cinémas de la vieille ville devenus un magasin Benetton et une boîte de nuit, la mairie estime que c'est au tour du Lietuva. «C'était un gouffre financier», explique Vytautas Grinius, directeur adjoint du département de la privatisation à la municipalité de Vilnius. VP Market, la plus grande entreprise de distribution des pays baltes, acquiert le cinéma pour moins d'un million d'euros. Il s'agit du second appel d'offres et le prix a baissé de moitié. VP Market ne tarde pas à le revendre à un groupe immobilier. Le bâtiment, l'un des rares exemples du modernisme soviétique encore existant à Vilnius, doit être rasé et remplacé par des immeubles. «Impossible de les contrer», se souvient Vida Ramaskiene, autrefois directrice du Lietuva. Le gouvernement impose comme condition aux investisseurs que le Lietuva reste un cinéma pendant trois ans.
Conçu au départ comme un projet artistique ponctuel pour comprendre pourquoi, dans cette société postsoviétique, les lieux culturels et les espaces publics