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Libération
Critique

«Azul», belle désillusion

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Ironique et loufoque, un film social sans espoir.
publié le 28 février 2007 à 6h21

Bleu très sombre presque noir, dit le titre. Pas comme les yeux du protagoniste. De la teinte, plutôt, du complet veston bon chic bon genre qu'il rêve d'endosser et qu'il n'a pas les moyens de se payer. Ardu en effet, même avec un master de gestion, d'alpaguer l'ascenseur social quand on sort d'une loge de concierge. Surtout si on n'arrive pas à en sortir, d'ailleurs, coincé comme l'est Jorge entre un paternel frappé de paralysie et tombé dans un gâtisme hargneux et un frangin taulard pas porté sur les rôles de soutien de famille.

Autant dire que, à part le costume de ses pensées, il n'y a pas grand-chose de bleu dans la vie de notre héros, si méritant qu'il en paraît vaguement anachronique. On frôle le pathos lacrymal, version drama TV. On se retrouve embarqué dans un film plutôt braque, gonflé d'humour noir et de colère assortie.

Tandis que son copain Israel glande sur le toit de l'immeuble, armé d'un téléobjectif, dans l'espoir de trouver matière à faire chanter ses voisins, Jorge, donc, coche en vain les annonces de cadre quand son frère, Antonio, l'appelle à l'aide du fond de sa prison : cette fois, il veut le charger d'engrosser une détenue à sa place. Pas vraiment le genre de Jorge, surtout au moment où il voit revenir son amour d'enfance, Natalia, fille, elle, des étages «nobles». Mais...

Voilà l'intrigue lancée sur le chemin inévitable des dérapages convenus, qui déraperont évidemment, mais pas tout à fait comme on s'y serait attendu. Sous l'ironie du ton et la loufoqu