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Libération
Critique

En 2033, les sans-papiers sont français

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Sylvestre Amoussou imagine que l'immigration s'inverse et que les Européens rêvent d'Afrique.
publié le 28 février 2007 à 6h21

On est en 2033, on n'est toujours pas sous la VIIIe République, comme le chante le rappeur Disiz La Peste, JoeyStarr n'a pas été élu président et le rap n'a pas remplacé la politique. En revanche, le sens de l'immigration a changé. Ce ne sont plus les Africains qui se jettent sur les barbelés de Melilla ou se font arrêter au large des côtes espagnoles ou italiennes mais les Européens qui font la queue devant les ambassades du Bénin, du Togo, du Sénégal pour obtenir un visa, et rêvent d'un avenir meilleur en Afrique. Après Dansla peau d'un Noir, de l'écrivain J.H. Griffin, le doc télé-réalité du même nom diffusé par Canal +, voici Africa Paradis que l'on pourrait sous-titrer : «Dans la peau d'un immigré».

Dans son premier film, Sylvestre Amoussou propose une fiction politique. En 2033, donc, l'Union européenne a échoué, et l'économie s'est effondrée tandis que le continent africain s'est, lui, constitué en Etats-Unis d'Afrique et a plus que réussi son développement économique. Au Parlement africain, le leader du parti libéral interprété par le réalisateur parle déjà de régulariser les sans-papiers européens, de les intégrer à la société africaine... Olivier, informaticien français et sa compagne institutrice, Pauline, sont candidats à l'immigration pour fuir le chômage et la paupérisation de leur pays. A l'ambassade du Sénégal, un fonctionnaire prend un malin plaisir à les recaler, leur proposant des emplois en dessous de leurs qualifications, ce que l'imp