Une silhouette paraît, maigre et coloniale, tempes rases, le profil aigu, costume à chapeau beige de guingois sous un parapluie et le regard alerté hésite à identifier... Edward Norton ? On dirait un héron, c'est un saisissement. Entre chevalier à la triste figure et figure de style. Comment peut-on se rendre si prenant, et beau ? Ainsi sans coup férir, à chaque film depuis le revenant mélancolique de Dragon rouge ; doux cow-boy pervers de Down in the Valley, magicien juif de l'Illusionniste, Walter du jour sans «illusions». Quand les Brad Pitt et Jude Law avantageux s'épuisent en narcissisme, qu'un DiCaprio même peine, notre ami Joueur rafraîchit, évapore, lustre sous la mousson. Dorian Gray Norton.
Jeu rentré. Bien plus jeune qu'il n'y a vingt ans, Edward Norton désormais au comble de lui-même acteur, réalisateur, producteur, scénariste, séducteur , creuse l'écart mine de rien. Ici, il précipite donc d'entrée, en vision, puis ne lâche plus l'attention captivée par son jeu rentré, aussi intense qu'effacé. Port de Thé au Sahara rêvé ou Patient anglais antérieur, il est le bactériologiste britannique du jour en Chine ancienne crépusculaire 1920.
Filmé en décor naturel luxuriant, de Shanghaï aux confins de Guangxi ou Mei-tan-Fu, le Voile des illusions, d'après la Passe dangereuse du romancier anglais William Somerset Maugham (père notamment du type amoureux Mildred, dans Servitude humaine), relève la haut