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Libération
Critique

Ozon, un «Angel» passe

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Encore un portrait de femme cruel, au goût de meringue cette fois.
publié le 14 mars 2007 à 6h36

Le temps qui passe n'empêche pas le mystère Ozon de persister : voilà un cinéaste pour lequel toute actrice serait prête à traverser à quatre pattes une patinoire truffée de lames de rasoir en échange d'un bout d'essai. Ozon, néanmoins, continue de vitrioler ses personnages féminins. Que les actrices se précipitent dans ce piège en en redemandant en dit long sur leur masochisme. Plus dangereux, le goût commun qui voit en Ozon un malicieux, ce qui permet de mesurer l'étendue inconsciente de la vieille moralité néolibérale où toute chose donnée dans ce bas monde doit en retour se payer cher.

Ici donc, la réussite d'une rêveuse de province, grandie au fond d'une épicerie mais se racontant à être née la cuillère en argent autour du cou. Ses romans à l'eau de rose s'arrachent malgré leur nullité, mais ni la noblesse (après laquelle elle court), ni l'amour (qu'elle croyait avoir trouvé), ni le talent (qu'elle n'aura jamais) ne s'achètent, et Angel finira clouée au bûcher de sa propre vanité. Ozon, qui bâtit pour elle durant la première heure un univers de conte de fée, la lâchera dans la seconde partie du film en la roulant scène après scène dans sa propre farine. On a presque du mal à appeler ça de la misogynie tant la méchanceté d'Ozon à l'égard de la femme est compliquée. Dans Angel, elle passe par une fascination du factice, de l'imposture, d'une sorte de préciosité élevée au rang de monstruosité : regardez la petite bestiole. Je pourrais lui ressembler et elle brûlera à