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Pascale Dauman, in memoriam
publié le 21 mars 2007 à 6h44

La productrice Pascale Dauman est morte ce week-end à Paris. Elle n'avait pas 70 ans. Soyons tristes, mais soyons comme elle, qui a vu froidement venir la mort, et depuis un bon moment, sans jamais le porter dramatiquement. Voyons autant que faire se peut à quoi ce malheur pourrait être utile : une femme trop inconnue disparaît et c'est aussitôt un éclat de mémoire, tout un bloc de l'une des meilleures parts de l'histoire du cinéma français, qui surgit, nous en imposant à tous.

Il existe un pur mystère biographique autour de Pascale Dauman, dont le secret ne nous intéresse pas en tant quel tel mais pour ce qu'il explique : le cinéma a tout remplacé. A ceux qui n'ont réellement pas de famille, l'adoption du monde du cinéma et leur propre adoption par ce même monde écrabouillent toute la facticité du cliché : oui, avant toute chose, il y avait le cinéma pour Pascale Dauman. Il était sa famille et plus encore : son jus, son monde, son oxygène, son shoot. Et s'il a aussi été pour elle un moyen de se construire une identité, alors tant mieux.

Avant d'être l'épouse du producteur Anatole Dauman (l'une des plus influentes et décisives éminences de la Nouvelle Vague, disparu en 1998) avant même de se lancer elle-même dans la bataille des financements, Pascale Dauman est d'abord subrepticement apparue dans quelques films clés : avec entre autres Frédéric Mitterrand, Joe Dallesandro et Humbert Balsan, elle fit l'infirmière pour Rivette dans Merry-Go-Round : pour Truffaut, infailli