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Libération
Critique

Cabinet de curiosités

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Pour «la Consultation», Hélène de Crécy a posé sa caméra chez un généraliste.
publié le 21 mars 2007 à 6h44

Ils sont jeunes, ils ont l'air amoureux. Comme les patients qui les ont précédés, tous deux pénètrent dans le cabinet du médecin sans paraître remarquer la caméra qui les attend. Le jeune homme parle pour sa compagne qu'il croit être enceinte. On comprend, à l'occasion d'un petit aparté, qu'elle n'est pas française. Leur jeunesse rayonne. Le médecin écoute en souriant, tout épanoui. Nous aussi. Des bébés ils en veulent, explique le jeune homme. Oui. Mais pas maintenant.

Dispositif. Le médecin n'entend pas. Ne veut pas entendre. Se raidit, le visage masqué... L'accueil de bois réservé à cette demande d'interruption de grossesse est un des moments secouants de la Consultation. Mais ce n'est qu'un début. Car le médecin, ayant pris acte, invite la jeune femme à chausser les étriers. Un examen gynécologique, là, sous l'objectif de la caméra ?

Coupe. Enchaînement un peu plus tard. La jeune femme est filmée sans exhibitionnisme, mais on voit qu'elle a encore les cuisses écartées. Face à nous, elle sanglote, tend les bras vers son jeune compagnon. Et lui, tandis que le médecin insiste sur «les risques» et menace de «séquelles», doit durcir la voix pour imposer la requête d'IVG.

Le toubib est-il membre de Laissez-les vivre ? La jeune patiente avait-elle compris à quel dispositif de tournage elle s'exposait ? Pour qui parle ce documentaire ? Et nous, spectateurs, quels voyeurs sommes-nous donc, choqués peut-être, mais scotchés et fascinés ?

En posant sa caméra dans le