Et si Peter Fonda était maudit ? A peine sorti de l'ombre de son père Henry le représentant le plus évident des valeurs traditionnelles de l'Amérique à l'écran grâce à Easy Rider en 1969, le jeune acteur-réalisateur s'est retrouvé instantanément prisonnier d'une autre ombre, a priori plus cool, mais non moins écrasante : celle de Captain America, son personnage de hippie en Harley qui reste, près de quatre décennies plus tard, l'un des symboles de la contre-culture. «Après Easy Rider, les gens voulaient me voir rouler à moto et fumer de l'herbe», nous expliquait Peter Fonda l'été dernier (Libération du 17 juillet 2006). Pour l'Homme sans frontière (1971), son premier film réalisé en solo, le rebelle à belle gueule va donc prendre le contre-pied des attentes de son public en incarnant un cow-boy qui, après sept ans d'absence, revient dans son foyer comme saisonnier («hired hand», titre original du film), avant de reprendre une dernière fois les armes pour sauver son ancien coéquipier pris en otage (Warren Oates, pas encore imbibé et comme toujours formidable).
Modernité. En 1971, l'Homme sans frontière fut considéré comme un «antiwestern». Mais Martin Scorsese, qui a contribué à la restauration du film désormais disponible en DVD, y voit aujourd'hui «un classique du western», qui, tout en étant pleinement ancré dans son époque agitée, respecte les traditions du genre comme les thèmes d