Trente-cinq ans, voire plus dans quelques jours, immense (1,87 m), immense acteur qui hait les acteurs, animal désespéré très agréable à la rencontre, humain trop humain, voix douce à la parole tranchante, à la hache, Guillaume Depardieu est la férocité même dans le dernier Rivette. Son personnage, essoré, revient d'innommables batailles. Lui, Guillaume, veut bien parler. Très fort pour l'écoute, grand dialoguiste. Ne triche jamais.
Paradoxe absolu, après cent unes de journaux à scandale, on n'a toujours pas l'impression de vous connaître... Qu'est-ce qui vous a formé, quels livres, quelles musiques, quels films ?
Pour me dédouaner de tout le côté «révélations» dans lequel on vit, j'ai balancé une autobiographie (Tout donner, paru en 2004 chez Plon), qui a réussi à choquer en ne disant que 15 % de la vérité. Maintenant, on peut parler. Cela fait un an et demi que je n'écoute plus rien de manière compulsive. Dylan ? Non, je n'ai pas encore eu ma période Dylan. Mozart, oui. Mais c'est une évidence. J'aurais pu être concertiste. Je sais faire ça : travailler en mesure avec les autres. Je lis de moins en moins, je crée de plus en plus. C'est l'équilibre. Il faut de l'appétit pour la culture, se nourrir. Et oui, j'ai toujours eu très soif. C'est un héritage.
Formateur ?
Non. Aucune création ne m'a formé. L'échec, la peur, la haine de soi, c'est cela qui m'a formé. Après, tout ce qui est de l'ordre du choc esthétique m'a inspiré. Je suis un garçon qui, à 35 ans, commence à se v