Le rythme est lent, balancé. Le récit conté comme une légende, mi-réaliste, mi-magique. Le documentaire d'Antoine-Léonard Maestrati relate un épisode tragique. De 1962 à 1981, une société d'Etat, le Bureau pour le développement des migrations intéressant les départements d'outre-mer (Bumidom) a organisé le départ en métropole de dizaines de milliers de Guadeloupéens, Martiniquais, Réunionnais et Guyanais. A l'époque, la faillite de l'industrie sucrière a plongé les Antilles sur lesquelles porte le film dans la misère. C'est aussi la fin de la guerre d'Algérie et des empires coloniaux. «Les peuples réclament leur libération, rappelle l'écrivain Daniel Boukan. En riposte, le gouvernement français de l'époque a trouvé comme solution de déplacer des jeunes gens et de jeunes femmes dans la force de l'âge pour les transplanter en France.» Objectif : éviter la contagion indépendantiste. Le film mêle des interviews, des images d'archives en noir et blanc et des scènes qui semblent de fiction même si cela n'est pas précisé. En métropole, Valentin Clarence croyait trouver «l'eldorado». Il déchante. Dans le film, il s'adresse à sa femme, Faustina : «Tu as des diplômes, une formation mais, quand tu arrives là-bas, qu'est-ce qu'on te propose ? Une place de boniche, et, toi, ça t'est arrivé, en quittant le pays en étant institutrice.» Tous témoignent du racisme. Faustina, qui se sentait française aux Antilles, ne se sent pas tout à fait française en métropo
Critique
La tragédie des déplacés antillais
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publié le 28 mars 2007 à 6h52