«Noirs du Brésil» a été une des intéressantes sections des 19es Rencontres cinématographiques d'Amérique latine, qui viennent de s'achever à Toulouse. Ceux qui en sont restés au vieux mythe du Brésil harmonieuse mosaïque multiethnique fière de son «africanité», en auront été pour leurs frais. Cette scie, née dans les années 50 d'une enquête anthropologique de Gilberto Freyre, semble pour le moins marquée d'un excès d'optimisme. Le cinéma était bien placé pour savoir ce que valait cette fable. Dans une revue publiée en 1929, on pouvait lire par exemple cette déclaration : «Faire un bon cinéma au Brésil doit être un acte de purification de notre réalité à travers la sélection de ce qui mérite d'être projeté sur l'écran : notre progrès, les oeuvres de notre technologie moderne, nos beaux Blancs, notre nature. Pas de documentaires, car il n'y a pas de contrôle total sur ce qui est montré, et les éléments indésirables peuvent s'y infiltrer (1).» Pendant longtemps, il y aura donc peu de Noirs dans un cinéma brésilien trop pâle pour être honnête. Ou alors des archétypes. La revue des Rencontres en a fait la liste : les vieux Noirs pleins de sagesse, la mère, le martyr, le révolté, le Noir sensuel et violent, le malandrin, la mulâtresse appétissante... Le cinéma brésilien ressemble alors à Naissance d'une nation, le film pro-Ku Klux Klan de David Wark Griffith.
Métis. La figure du «blanchiment» est également omniprésente. Pour jouer des Noirs, on choisit des méti