Il y a des livres dont on ignorait tout et que pourtant on attendait: depuis la mort de Danièle Huillet, au mois d¹octobre dernier(1), nous espérions exactement le signe que nous envoie le livre de Philippe Lafosse, l¹Etrange cas de madame Huillet et monsieur Straub. Précisons que ce n¹est pas un de ces livres précipitamment ficelés sous l¹influence d¹un réflexe nécrophile, vénal où sincère. Conçu et réalisé dans le cours de la vie des Straub et non pas après la mort de Huillet, l¹ouvrage présente à l¹inverse les évidentes qualités du vif et du vivant. Il est formé d¹unrécit polyphonique principal: le voyage du couple cinéaste de ports en ports cinéphiles. Le dispositif est quasiment toujours identique: ils viennent présenter leurs films, les montrent puis en discutent. En un mot: ils accompagnent, comme ils l¹ont toujours fait, leurs travaux. A la fois pèlerins et forains itinérants, les Straub ont passé leur vie à sillonner les territoires et à cultiver, dans tous les sens du terme, le public. Philippe Lafosse avait autrefois chanté un élogetendu sur le cas Straub- Huillet, «Filmer c¹est vivre»(2), écrit à propos du documentaire que Pedro Costa leur avait consacré, Où gît votre sourire enfoui, à ce jour le plus tendre et juste des hommages filmés rendus au couple. On trouvera dans ce texte la véritable clé du sous-titre sibyllin de «comédie policière», emprunté par l¹ouvrage qui sort aujourd¹hui, une expression générique en trompe l¹oeil que l¹auteur utilisait déjà: «Elle
Balade avec Danièle Huillet
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par Olivier Seguret
publié le 11 avril 2007 à 6h59
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