Berlin de notre correspondante
Présenté en février au festival du cinéma de Berlin, die Fälscher(«les Faux monnayeurs»), de l'Autrichien Stefan Ruzowitzky, qui vient de sortir en Allemagne, rappelle à l'opinion une page peu connue de la Seconde Guerre mondiale. Le film raconte une partie de l'incroyable vie d'un rescapé de l'Holocauste, Adolf Burger, juif déporté qui s'est retrouvé impliqué dans un atelier de faux-papiers et de fausses monnaie au coeur du camp de concentration de Sachsenhausen. 140 détenus juifs y ont travaillé dans le plus grand secret de 1942 à la fin de la guerre.
Milieux douteux. Ils produisaient tout document réclamé par les services secrets de Hitler : faux passeports anglais, américains ou suisses pour les espions allemands, cartes du Parti communiste soviétique, timbres et surtout billets de banque... Le premier objectif de l'opération «Bernhard» était en effet de ruiner les économies américaine et britannique.
Au total, 134 millions de livres sterling sont ainsi sorties des imprimantes de Sachsenhausen, l'équivalent de 5 à 6 milliards d'euros aujourd'hui. La qualité des billets était telle que la Banque d'Angleterre, incapable de distinguer les vrais des faux, retira tous les billets de 50 livres de la circulation à la fin du conflit.
Le héros du film, Salomon Solowitsch (en réalité, Sally Smolianoff) n'a rien d'un ange. Peintre mais surtout contrebandier et faussaire, ce juif d'origine russe trempe dans les milieux douteux du Berlin des a