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Libération
Critique

Le massacre au fond du Jardin

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Avec une histoire d'amour comme fil rouge, Im Sang-soo s'attaque à la répression de Kwangju.
publié le 11 avril 2007 à 7h08

Im Sang-soo a la gueule de l'emploi. Le costume, chic et tendance, atteste la dimension wonderboy du cinéaste de Séoul, valeur sûre d'un cinéma coréen qui parvient à concilier avec brio les impératifs commerciaux avec une authentique vision d'auteur. Mais les cheveux en pétard, le regard qui pétille et le sourire en coin signalent, eux, le caractère poil à gratter d'un artiste qui ose zoomer sur les épisodes les plus troubles de l'histoire contemporaine.

Après l'assassinat du dictateur Park Chung-hee, raconté à la manière d'une farce grotesque dans The President's Last Bang (Libération du 5 octobre 2005), son nouveau film, le Vieux Jardin, raconte par le biais du mélodrame la répression du mouvement démocratique étudiant dans la ville de Kwangju, en mai 1980 ­ 200 morts selon la police, plusieurs milliers selon les organisations de défense des droits de l'homme. Un peu comme si, en France, Arnaud Desplechin ou Dominik Moll tournaient coup sur coup une satire sur le coup d'Etat du général de Gaulle le 13 mai 1958 et une histoire d'amour dans le contexte du massacre des manifestants algériens le 17 octobre 1961...

«Désespoir». Le Vieux Jardin est l'adaptation d'un beau roman politique et, pour partie, autobiographique, de Hwang Sok-yong (1), le Günter Grass coréen, qui fut témoin des horreurs de Kwangju puis passa cinq ans en prison pour s'être rendu illégalement en Corée du Nord. Le héros du livre, Hyun-woo, est un jeune militant socialiste qui, rech