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Libération
Critique

Pour «toujours» et à jamais

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Trente-huit ans après «Belle de jour», Oliveira reprend les personnages de Buñuel.
publié le 11 avril 2007 à 7h08

Buñuel était surréaliste : il aimait les symboles parce qu'il pouvait les traîner dans la boue. Oliveira est un symboliste : un décadent qui regarde le monde agoniser et en tire quelques signes obscurs. Ils ne se sont jamais croisés, ni vivants ni dans un cinéma, et surtout pas dans Belle toujours, suite ­ mais au sens chambre d'hôtel ­ de Belle de jour.

Husson retrouve Séverine. Lui, à peine changé (Piccoli, encore et encore : sa dureté intacte ses manières de vicomte ayant lu Sade), Séverine beaucoup (Catherine Deneuve ayant décliné l'offre, Oliveira lui a trouvé une soeur jumelle en blondeur torturée : Bulle Ogier, une princesse). Il veut la coincer, elle préférerait l'éviter. «Je sais quelque chose que vous aimeriez entendre.» Ce que Séverine voudrait savoir, c'est si son mari est parti dans la tombe en sachant, par la bouche d'Husson, qu'elle passait ses après-midi en maison close, sous le pseudonyme de Belle de jour. C'était il y a longtemps : une vie. Raconter leurs retrouvailles, trente-huit ans après, est une idée que l'on trouvera tordue, sauf si on imagine aussitôt les petits pas drolatiques de Bulle Ogier et le rire de Piccoli, qui balaye tout sur son passage. Plus de doute après l'avoir entendu résonner dans le plan : il n'y a pas d'âge qui tienne pour foutre un joyeux bordel.

«Je sais quelque chose que vous aimeriez entendre» : le secret de l'immortalité, peut-être. Oliveira aura demain 100 ans. Il peut tout se permettre, alors il se p