Buenos Aires envoyé spécial
Il flotte comme un sentiment de désenchantement sur le neuvième Bafici, festival du cinéma indépendant de Buenos Aires. Est-ce une conséquence du 25e anniversaire de la guerre des Malouines, catastrophe pour l'Argentine (mais qui a eu pour heureux résultat de voir la dictature militaire s'effondrer), que l'on célébrait le 2 avril, la veille du démarrage du festival (qui s'est achevé dimanche 15) ? Est-ce un effet de l'automne, de ses vents et pluies ? Peut-être, mais ce malaise a surtout des racines dans le cinéma. Ce même cinéma dont on attend monts et merveilles et qui a connu une année 2006 bien morose.
Une quarantaine de longs métrages nationaux ont échoué sur les écrans, parce que la loi argentine des quotas en donne l'obligation aux multiplexes. Mais tous ont fait des bides. Même un film comme Nacido y criado, de Pablo Trapero, pourtant une sorte de film d'aventures (à parfum de Jack London), n'a pas attiré les foules.
Cynisme. Pourquoi ? Pour Fernando Martin Peña, directeur du Bafici pour la troisième fois, et programmateur de la salle de cinéma du musée d'art latino-américain de Buenos Aires, le Malba, c'est la structure de l'exploitation en salle qui est en cause : «Il n'y a pas en Argentine de réseau d'art et d'essai, ni de directeurs de salle qui prennent un film par goût avec un risque personnel. Ici, les multiplexes appartiennent à de grandes sociétés, qui n'ont aucune direction artistique. Il faudrait que l'Etat ou la ville d