La rétrospective intégrale que le Centre Pompidou consacre à Atom Egoyan montrera que ses meilleurs films sont ceux où il revient. Sur les lieux d'un drame, d'une plaie, qu'ils soient réels (l'Arménie de ses origines) ou imaginaires (De Beaux lendemains), puisque le retour peut se faire sur soi, sur place. Son dernier film, inédit, Citadel, répond à cette définition générique du cinéma. Revenir d'où l'on n'est jamais parti. En l'espèce, Beyrouth, où est née en 1958 Arsinée Khanjian, sa compagne et actrice de presque tous ses films. Dès les premières images, on y voit Khanjian, à l'été 2006, retrouver des paysages, des rues, un quartier et des membres de sa famille arménienne perdue de vue depuis son départ du Liban, il y a vingt-huit ans, pour cause de guerre civile. Apparaît aussi leur fils, qui a 10 ans lors de ce retour. La voix off omniprésente est celle d'Egoyan. C'est un documentaire familial. Un tableau souvent touchant. Mais qui donnerait vite l'envie de fuir, par ennui ou peur de déranger, si le cadre n'était pas aussi prégnant que le tableau.
Citadel est en effet un étrange journal de «vacances» adressé au fils, un document pour le futur antérieur, afin que l'enfant comprenne un jour «comment étaient [ses] parents». Egoyan en donne le mode d'emploi : «Je fais des images, ta mère y joue la comédie, nous avons besoin de dramatiser, ça fait vingt ans que ça dure, je ne peux pas t'expliquer pourquoi.» Une image résume cette question im