La France, alanguie entre deux ponts et comme suspendue dans la crainte d'une funeste échéance électorale, croule sous des températures incongrues. Les terrasses ne désemplissent pas. Spider-Man 3, afin d'intensifier une suprématie que nul n'aurait songé contester, devance l'appel en réquisitionnant la plupart des écrans la veille du jour usuel des sorties hebdomadaires... Et Sarah Polley arrive comme une fleur avec Loin d'elle, une histoire d'amour contrariée, à l'heure de l'andropause et sur fond d'alzheimer, dans une maison de retraite cernée par la neurasthénie neigeuse de l'Ontario. Dans l'univers du sport hippique, on appellerait cela une très grosse cote.
Pudique. Ingrat d'apparence, le propos possède pourtant une dimension pédagogique, en se coltinant une maladie à la fois répandue, encore mal cernée et fort peu attractive en tant que levier romanesque qui confessera une attirance spontanée pour une love story en déambulateur ? La réalisatrice en herbe s'efforce de contrecarrer l'aspect cafardeux du sujet à travers un traitement pudique, sobre et lucide, qui s'autorise même quelques pointes de dérision et repose sur le jeu éprouvé de Julie Christie et Gordon Pinsent.
A l'origine, Sarah Polley affirme s'être captivée pour la nouvelle d'Alice Munro, L'ours traversa la montagne, publiée en 2001 dans le New Yorker (1). L'opuscule décrit avec minutie le crépuscule de Fiona et Grant, vieux couple isolé dont la relation, encore vibrante, s