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Libération
Critique

«Still Life», la vie sauvée des eaux

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En plein chantier du barrage des Trois Gorges, Jia Zhang Ke libère les destins individuels.
publié le 2 mai 2007 à 7h31

Couronné du Lion d'or au dernier festival de Venise, Still Life constitue dans l'oeuvre du jeune mais considérable Jia Zhang Ke une incursion dans une partie de la Chine qu'il ne connaissait pas, le Sud, dans la ville de Fengjie, au bord du fleuve Xi jiang. Fengjie fait partie des villes anciennes que le gigantesque barrage des Trois Gorges a vouées à la disparition par engloutissement. Ce chantier pharaonique, qui implique des déplacements massifs de population et la disparition de sites archéologiques, ne pouvait qu'attirer l'oeil du cinéaste qui a toujours lié ses fictions à des lieux particuliers, dérives dans les mines de la Mongolie intérieure dans Platform ou encore incroyable parc à thème touristique dans The World. On entre dans le film sur les pas de Han Sanming, un mineur qui n'était pas revenu au bercail depuis plus de quinze ans. Evidemment, il ne reconnaît rien. La ville est déjà partiellement sous l'eau et les parties immergées sont démolies par des ouvriers mal payés. Parfois, des jeunes en mal de boulot se font embaucher pour casser la gueule des proprios qui ne veulent pas déguerpir.

Le progrès, le «bonheur» à portée de main promis par la modernité, peut-être bien, mais, à l'image, ça ne le fait pas du tout. Sous une écrasante chaleur, le personnage est comme un comédien qui refuse de comprendre que la pièce est terminée et qu'on démonte le décor pour tout jeter à la poubelle. Han recherche la femme qu'il a achetée une dizaine d'années p