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Libération

Valenti le missionnaire

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publié le 2 mai 2007 à 7h31

Comme le faisait remarquer, dimanche, une personnalité de la production cinématographique française : «C'est tout de même curieux de voir à quel point la mort d'un homme comme Jack Valenti passe inaperçue en France. Quand on se souvient comment ce type, qui était si puissant, a focalisé l'attention et parfois la haine, il n'y a quand même pas si longtemps, ça fait bizarre.»

Et c'est vrai que, s'il y a peu à dire sur la disparition en elle-même d'un vieil homme de 85 ans, ayant pris de surcroît sa retraite il y a plus de trois ans, on ne peut que s'étonner de voir avec quelle rapidité périssent les notoriétés et s'évanouissent nos détestations, même si le cas Valenti ne fait qu'illustrer, une fois encore, l'adage millénaire sic transit gloria mundi...

Jack Valenti a été pendant plus de trente-huit ans le président du tout-puissant syndicat des grands studios hollywoodiens, la Motion Picture Association of America (MPAA). C'est la conjuration des fameuses «majors», l'instance où Columbia-Sony Pictures, Buena Vista-Walt Disney, MGM, Paramount, 20th Century Fox, Universal City Studios et Warner Bros joignent les forces que leur confèrent les quelques milliards de dollars qu'ils se flattent de peser dans l'économie américaine.

C'est sous le long règne Valenti, de 1966 à 2004, qu'a été dessiné, construit et imposé mondialement le modèle économique et politique, affirmé ou tacite, par lequel ces grandes compagnies ont entrepris, après la guerre, leur expansion, pliant pr