Au commencement était le trou. On se souvient d'Une sale histoire, un Jean Eustache de 1977. Michael Lonsdale y avouait mater le sexe des filles à travers un orifice taillé dans la porte des chiottes d'un café, les cheveux traînant dans la pisse. Son obsession pour ce trou était telle qu'il entrevoyait en lui le secret révélé d'une cosmogonie : au commencement était le trou, autour de quoi on avait bâti la porte, puis les chiottes, puis le café, puis la rue, puis le globe, et enfin la galaxie, le tout raconté comme un immense travelling arrière. Depuis, plus rien. Comme si le trou avait été bouché. Le temps a juste remplacé les WC femmes par une cabine de sex-shop. Le trou y a gagné en hauteur. Plus besoin de s'accroupir, il est à mi-taille. Misère des temps présents, on n'y jette plus un oeil, on y engouffre un membre. En attendant, à la queue leu leu, qu'une main (ou une bouche) ait la bonté de vous soulager. Massage-parloir, glory hole, ces spécialités des sex-shops des pays puritains (appréciées en Grande- Bretagne et aux Etats-Unis, elles ont explosé avant tout au Japon, pour l'anonymat discret du rapport) ont excité un peu le porno ces dernières années, avec un net avantage pour les prods gays. Pour aller vite, Irina Palm est l'histoire de ce trou. A ce titre, on peut dire qu'il nous intéresse.
Petite annonce. Ceux qui, ces derniers jours, auront eu la force de s'extirper deux heures du spectacle morbide de la victoire annoncée de la droite en allant au ci