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Libération
Portrait

Incertain regard

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Jake Gyllenhaal, 26 ans, acteur au glamour inquiet, interprète un dessinateur obsessionnel dans «Zodiac».
publié le 17 mai 2007 à 7h48

Personne ne retient son nom, mais tout le monde se rappelle ses yeux. Leur myosotis fragile passe de lèvres en lèvres à peu près comme Tarzan de liane en liane ; mais Jake Gyllenhaal n'a rien de la jungle. C'est un garçon bien éduqué, presque lisse, pour ne pas dire vierge, dégageant un charme amical et légèrement cintré par le costume de représentation. Sa démarche musculairement chaloupée se déplace sans hâte sous la brise et le soleil de l'hôtel Eden Roc. Le palace du cap d'Antibes a été rendu célèbre, avant les stars, par quelques nouvelles de Somerset Maugham.

Berceau. Gyllenhaal est un enfant de pellicule et de planches, tombé dès la naissance dans le grand bain : fils d'un metteur en scène (Stephen Gyllenhaal) et d'une scénariste (Naomi Foner), frère d'une actrice (Maggie), ex-gamin acteur, bercé à domicile par les amis de la famille Dustin Hoffmann et Paul Newman, fées du savoir-faire au berceau, puis jouant sur scène à Londres, naguère compagnon de l'actrice Natalie Portman : sans preuves à faire et donc les faisant toutes.

Mais il joue comme personne l'inquiétude qu'il n'a pas eu à éprouver. Naturellement doué pour creuser ses trous d'eau claire, l'acteur respire par l'iris les sentiments perturbants (ils le sont presque toujours) des personnages qu'il interprète, et n'aime rien tant, dit-il, que «jouer des êtres jeunes, comme moi, pris dans des situations d'adultes trop complexes pour eux». Plus tard, il se verrait volontiers en «Hamlet ou Roméo, pourquoi