Toute l'histoire de My Blueberry Nights est celle d'un baiser entre Lizzie et Jeremy, qui commence après vingt minutes de film et s'achève avec lui. Dans l'intervalle s'enchâsse une vaste parenthèse dans le temps (un an) et dans l'espace (américain), qui permet à l'héroïne Lizzie de comprendre que ses peines de coeur sont évanouies, que l'amour l'attend toujours à New York, que le baiser de Jeremy était le bon.
Il lui fallait simplement ce vaste détour pour en arriver là : en passer par la longue route américaine, de la côte est à Memphis puis Las Vegas, amasser quelques dollars et une modeste voiture et faire la connaissance profitable de trois ou quatre personnes remarquables.
Univers protéiforme. Difficile de dire exactement si tout ce temps qu'elle a passé pour revenir au point de départ est un temps gagné ou un temps perdu. C'est en tout cas le temps nécessaire au personnage, à l'histoire, et finalement au film. On pourrait presque ajouter que c'est le temps nécessaire à l'interprète de Lizzie pour devenir actrice : Norah Jones, chanteuse et musicienne de grand renom, apparaît ici pour la première fois à l'écran et, après quelques ajustements, ne cesse, comme son personnage, de s'épaissir, de progresser et de s'approfondir. La remarque est d'ailleurs valable pour l'ensemble du casting, dont on craint au départ qu'il ait été un peu trop subtilement cogité et un peu trop proprement distribué.
En fait, l'un après l'autre, Jude Law, David Strathairn, Rachel Weisz, la m