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A Lérins, caprice de Dieu

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Selon la tradition, les Cannois faisaient hier acte d'allégeance à l'abbé.
publié le 18 mai 2007 à 7h49

Ile Saint-Honorat envoyé spécial

A vous, mécréants qui ne connaissez d'ascension que celle des marches du Palais, apprenez ceci : hier, c'était l'Ascension, la seule, la vraie, celle qui a mené Jésus au plus haut par la voie des airs et qui nous a conduit, plus modestement, à préférer la voie des mers et à nous présenter devant l'embarcadère des îles de Lérins à 9 heures tapantes. Il y avait là du beau monde, à commencer par monsieur le maire, Bernard Brochand (UMP), qui venait, comme tout bon Cannois, faire acte d'allégeance à l'abbé de Lérins, en vertu d'une tradition datant de 1448, soit quatre cent quatre-vingt-dix-huit ans avant F.C. (Festival de Cannes).

«Fouet». «Si c'est pour l'allégeance, attention, parce que l'abbé a le fouet !» a prévenu un matelot, sans effrayer quiconque car le moine se vend en termes alléchants via une publicité : «Saint-Honorat, le monastère fortifié, les chapelles antiques, les liqueurs et les vins à consommer avec modération.» On a donc laissé sans crainte le Lady Moura, un yacht à la Sarko, à notre droite pour voguer vers la pureté, dans quelques effluves de gazole. «Si t'as envie de vomir, tu te retournes», conseillait un gamin à son pote. Pas la peine : temps calme, mer plate, arrivée à destination en quinze minutes.

Saint-Honorat est une île où, outre des moines, l'on croise des buissons de cactus et des poules faisanes entre les vignes ­ du Seigneur, forcément. Les cisterciens s'y lèvent à 4 h 10, travaillent j