Menu
Libération
Critique

Le diable de l'avocat

Article réservé aux abonnés
publié le 18 mai 2007 à 7h49

Il n'y a sans doute pas de personnage plus approprié à Barbet Schroeder, cinéaste par-delà le bien et le mal, que Jacques Vergès. On ne fera à personne l'affront de présenter l'avocat que l'on résume généralement, et suivant un gymkhana intellectuel somme toute impressionnant, comme étant aussi brillant qu'opaque. On connaît les contradictions de l'homme qui défendit Djamila Bouhired (la pasionaria algérienne) et Klaus Barbie. Beaucoup depuis trente ans n'en finissent plus de se demander où Jacques Vergès a passé entre 1970 et 1978 ses «grandes vacances», et encore moins comment, durant ce long moment de disparition totale (personne n'a encore la réponse, même au sein de ses amis les plus proches), il gagnait sa vie.

Pistes. Les rumeurs invérifiables, les soupçons nourris de toute part ont lancé depuis longtemps les pistes. Etait-il en prison quelque part dans le monde ? Ou parti à l'aventure, en Rimbaud du barreau ? Etait-il au Cambodge auprès des Khmers rouges de Pol Pot ? Chez les Palestiniens parmi le FPLP, le groupe emmené par Waddi Haddad et George Habbache ? Ou en RDA, à faire du renseignement (peut-être même pour la France) ? Cette aussi longue absence est le whodonit du film : on rêve d'en percer le secret, mais ce qui se révèle derrière est plus vertigineux encore, notamment en terme de connexions politiques.

Entrer dans la vie de maître Vergès, c'est plonger dans quatre décennies d'un monde internationalement bousculé. Des guerres d'insurrection à l'e