Amies Cannoises, prenez garde, en laissant votre chow-chow faire son caca sur la pelouse près du Palais : le troisième palmier à partir de la gauche, c'est le bureau de Colin Laidlaw. Il se désole d'y trouver des crottes chaque matin, quand ce Londonien de 39 ans arrive de son hôtel deux étoiles, déplie des journaux gratuits et s'assied dessus. Puis il allume son ordi et commence sa journée. Elle consiste à envoyer, via les connexions wi-fi qui se trimballent par là, le plus d'e-mails aux producteurs et distributeurs dont il a récupéré les coordonnées dans la presse spécialisée. A Londres, Colin est informaticien dans une agence de design. A Cannes, il est scénariste.
Argument marketing. Enfin, il essaye, en envoyant le synopsis de son film, une page qui lui a pris vingt heures à écrire (1). Il la distribue aussi dans les files d'attente devant les projections, en tentant de reconnaître les producteurs à leur tête. Pas facile. Enfant, il aidait son père sur les marchés, il sait qu'il y a «des bons et des mauvais jours». Pour l'instant, il n'y en a que des mauvais. Vendre un scénario, c'est dur : à Cannes, 4 000 films se disputent le marché, et on en retrouve plus sur le carreau qu'en haut de l'affiche. «Mais une fois qu'ils seront vendus, dit-il, il en faudra d'autres.» Pourquoi pas le sien ? Colin fait de sa naïveté un argument marketing. Enfin, il essaye.
Chaque matin, depuis jeudi, il se lève à 8 heures, fait son yoga, puis part au boulot. Il ne voit p