Les Destinées sentimentales (2000), Demonlover (2002), Clean (2004), la filmo récente d'Olivier Assayas, sa présence régulière à Cannes ou dans d'autres festivals internationaux donnent de ce cinéaste de 52 ans l'image de quelqu'un de plutôt vernis et qui ne rencontre aucune difficulté pour trouver les financements de ses projets.
Or dans le dossier de presse de son nouveau film, Boarding Gates, on est surpris de lire ce qui semble être un continuel chemin de croix, évoquant notamment un projet avec Daniel Auteuil, Voilà l'été, qui n'avait pas pu se faire : «J'ai réuni l'équipe, le casting. Hélas, le système n'a pas suivi, ni l'avance sur recette qui, depuis longtemps, refuse tous mes projets, ni les chaînes télé, ni les partenaires de mon producteur.» Du coup, Assayas, pas du genre à se morfondre, a goupillé vite fait bien fait un scénario type série B pour Asia Argento. L'histoire d'une fille manipulée qui, à Paris, tue son amant homme d'affaires et fuit à Hongkong.
Manque de moyens. L'acteur américain Michael Madsen, la bassiste de Sonic Youth, Kim Gordon, un jeune premier anglo-chinois sexy Carl Ng, la musique de Brian Eno, la lumière bleutée, le tempo nerveux des séquences font de Boarding Gate une sorte de polar chic, dans lequel Assayas recycle ses obsessions : sexualité sadomaso, pouvoir corrupteur de l'argent et des finances globalisés, devenir virtuel des individus pris dans la fiction d'un monde dévoré par la culture